Avant 1864, cette croix se trouvait dans l’axe du chevet de l’église Saint-Pierre, au milieu du vieux cimetière, désaffecté depuis 1811. Cette année là, elle fut rapportée face à la porte des cryptes.

En la soulevant alors, on constata une chose fort curieuse : la croix avait déjà été déplacée, le fût traversait une table de pierre supportée par quatre colonnettes, type de croix hosannaire, c’est à dire traversant l’autel où, le dimanche des Rameaux, l’on bénissait le buis, au cimetière, au chant de l’Hosanna.

Mais cette découverte n’avait pas été prévue, et au lieu de restaurer ces vénérables vestiges, on les fit disparaître en replaçant le monolithe.

Une date : 1745 était marquée sur un des bras de la croix. L’abbé Thiercelin l’attribue à une restauration du monument ; mais il s’agit, selon toute vraisemblance, de la date de la première translation de la croix. Le cimetière primitif s’étendait sous le bas-côté nord de l’église abbatiale. L’abbesse Catherine de Montmorin, pour établir au XVIIIe siècle, la grande aile de l’abbaye qui existe encore et escalade la rue qui porte son nom, « déplaça un cimetière » disent les chroniques. Avant d’ouvrir son chantier sur un cimetière, vraisemblablement déjà désaffecté depuis le XVIe siècle en faveur de celui de la place Saint-Paul, l’abbesse de Jouarre, fit, en 1745, la même opération d’aménagement que la municipalité opéra en 1864 sur la place Saint-Paul (transfert de la croix et exhumation des restes. Une croix est marquée sur les plans de 1704-1705.

Nous avons encore d’autres descriptions de cette croix, d’autant plus précieuses qu’elles sont établies avant le transfert de 1864.
L’abbé Thiercelin les avaient signalées sans plus, dans ses manuscrits sur les Cryptes de Jouarre.

[Issu de l’inventaire des croix de carrefour du territoire de Jouarre, 22 Février 1977]